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DOSSIER
C
haque année, au retour du printemps, c’est la même chose :
Anne-Sophie, 29 ans, regarde avec appréhension les premiers
bourgeons apparaître aux branches des arbres. "Je suis aller-
gique aux pollens de bouleau et de frêne", explique-t-elle. "Vers
février, lorsque tout le monde commence à ranger les mou-
choirs, moi je les sors ! Bien sûr, il y a des choses plus graves dans la vie,
mais au quotidien, c’est quand même casse-pieds ! Mon appartement se
trouve en face d’un parc, dans le centre de Liège. Dès que je mets un pied
dehors, j’éternue et j’ai le nez qui coule. Et c’est comme ça jusqu’en juin
…" Anne-Sophie est loin d’être la seule. On estime qu’entre 20 et 30 % de
la population belge souffrira tôt ou tard de rhinite allergique, une allergie
respiratoire due aux pollens (pollinoses), aux acariens ou aux moisissures.
BOULEAU ET GRAMINÉES
"Tous les pollens sont susceptibles de provoquer des symptômes aller-
giques chez les personnes prédisposées", explique le Dr Maud Deschamphe-
leire, allergologue au CHR Liège. "Mais en Belgique, les pollinoses les plus
fréquentes sont les allergies aux pollens de bouleau et aux graminées."
Ces dernières provoquent une rhinite allergique que l’on appelle, à tort,
le rhume des foins. Car les graminées sont loin de se limiter aux seules
céréales (blé, seigle, ...); cette famille de végétaux compte pas moins de …
12.000 espèces ! Le gazon, les herbes de prairie, le maïs, les roseaux ou
encore les bambous sont aussi des graminées, par exemple.
Tous pollens confondus, selon les années et la météo, la "saison" des pollens
peut s’étendre de février à octobre. Soit plus de la moitié de l’année. Un
enfer pour les personnes atteintes de plusieurs pollinoses à la fois …
DES SYMPTÔMES
(PLUS QUE) GÊNANTS !
Les symptômes et leur sévérité varient selon les individus. Si certains n’ont
que 2 ou 3 épisodes par an, d’autres souffrent de rhinites allergiques ca-
rabinées plusieurs mois d’affilée ! De plus, au nez qui coule ou qui se
bouche peuvent s’ajouter une conjonctivite
(1)
, de l’eczéma (plutôt rare dans
les pollinoses, mais fréquent dans l’allergie aux acariens) et/ou de l’asthme.
Certes, ces symptômes sont bénins, mais ils peuvent entraîner une fatigue
importante, altérer l’état de santé général ainsi que la qualité de vie. "Dans
le cadre professionnel ou scolaire, par exemple, des études ont clairement
démontré que les rhinites allergiques diminuent la concentration et la pro-
ductivité au travail. Elles peuvent même provoquer de l’absentéisme chez
les personnes qui en souffrent", explique le Dr Deschampheleire. "Et pour
ceux et celles qui exercent des professions en extérieur (jardiniers, agricul-
teurs, ouvriers du bâtiment, ...) et qui sont exposés plus intensément aux
pics polliniques (périodes durant lesquelles la quantité d’un pollen dans l’air
est la plus importante), cela peut devenir un véritable handicap…"
DES ALLERGIES QUI ÉVOLUENT
Les pollinoses peuvent commencer à n’importe quel âge. Elles peuvent
également évoluer avec le temps, en fonction du profil génétique, de la
sensibilité de la personne et de son exposition potentielle aux allergènes.
"Certains voient leurs symptômes diminuer (rarement) ou, au contraire,
s’intensifier avec l’âge", explique le Dr Deschampheleire. "Une allergie peut
aussi se calmer pendant un certain temps avant de revenir de plus belle …
et vice-versa ! Chez les femmes, notamment, les changements hormonaux
(puberté, grossesse, allaitement, ménopause, ...) peuvent modifier les
manifestations allergiques, dans un sens ou dans l’autre." Dans tous les
cas, il est impossible de prédire comment une allergie va évoluer. Raison
pour laquelle il est recommandé aux personnes allergiques de se rendre
chez un allergologue tous les un à deux ans, pour faire le point sur les
symptômes, adapter ou mettre en place un traitement et vérifier si de
nouvelles allergies apparaissent.
(1)
La conjonctivite est une inflammation de la muqueuse de l’œil, qui se traduit par une rougeur
et des larmoiements.
QUI EST À
RISQUE ?
Tout le monde est susceptible
de faire un jour une réaction
allergique. Cependant,
certaines familles y sont
davantage prédisposées
génétiquement. Ainsi, si l’un
de vos parents a une allergie,
vous avez presque une chance
sur deux d’en développer une.
Et si vos deux parents sont
atteints, votre risque peut
grimper à plus de 75 % ! De
plus, le tabagisme, actif et
passif, et certains polluants
comme le diesel peuvent
favoriser l’apparition de la
rhinite allergique.